Cet été, en compagnie d’une famille d’Auvergnats, j’ai visité le musée Vie et Métiers d’Autrefois à Breteuil-sur-Iton. A la différence d’un musée « classique » (dans l’esprit collectif), ici, ce n’est pas l’objet qui est au cœur du sujet, mais l’homme et l’usage qu’il a de l’objet. D’ailleurs, ce n’est pas un maître conférencier qui nous guide, mais un collectionneur passionné qui aime à partager le fruit de ses recherches au cours de nombreuses rencontres.

C’est donc Lilian, le créateur de cet endroit qui nous accueille avec le sourire. Avec le manche de son petit maillet, il désigne les objets dont il nous parle. Nous découvrons alors un étrange vocabulaire : le vilebrequin-à-conscience-de-poitrine, les planes, le fer à lingot, la langue de bœuf, la channe à lait…etc. Parfois, la grand-mère qui m’accompagne intervient : « Chez nous en Auvergne, on n’appelle pas cela comme ça ! ». En effet, Lilian le souligne, les objets changent parfois de nom selon le patois local ou l’utilisation régionale.

Avec des pointes d’humour, notre guide nous taquine : « Ce masque que l’on mettait sur le visage du taureau pour le calmer lorsqu’il était trop énervé… Non messieurs, je ne le prête pas pour calmer vos dames ! ». Il nous offre une coupe de cheveux « maison » avec les outils du barbier. Il propose au jeune garçon qui nous accompagne une « pesée » sur une balance de pharmacie vieille de plus de 100 ans mais toujours en état de fonctionnement. Il nous raconte des anecdotes comme celle du braconnier qui s’était confectionné des sabots à semelles inversées afin que le garde champêtre perde sa trace !

Devant la scène du tonnelier, le papa auvergnat, âgé d’une cinquantaine d’années se remémore soudain l’époque où sont père l’envoyait dans le fût se contorsionner pour nettoyer le fond. La maman, quand à elle, admire les gants de dentelle, fabriqués dans les usines de Bourth. Elle portait un modèle similaire lors de son mariage. Et que de souvenirs ressurgissent lorsqu’on retrouve un cahier d’école de 1914, un certificat d’étude ou de communiante, une chaise haute de 1930 ou une machine à coudre des années 1920 !

© Eye Eure Productions

Lilian nous fait remarquer le parfait état de conservation d’une pièce, nous relate la fastidieuse restauration d’une autre. Parfois, on connait le nom du propriétaire et son histoire. Quelque fois, c’est la manière dont a été déniché un objet qui surprend ! La rareté de certains articles est soulignée comme ce fournil à croissant ou ce stéréoscope d’un pharmacien havrais, datant de la première guerre mondiale, qui permet de visualiser plus de 200 photographies en 3 dimensions.

Nous achevons notre visite dans un bar reconstitué avec ce distributeur de chewing-gums, ce jeu de nain jaune, ce transistor des années 1950. Lilian nous propose une boisson fraîche ou un café.

Cette visite a été enrichissante pour nous comme pour Lilian. Le partage des souvenirs, l’échange de connaissances : c’est ainsi qu’il conçoit son musée.

© Eye Eure Productions

Le livre d’or ouvert à tous les commentaires des visiteurs ne tarit pas d’éloges sur la richesse de ses collections, la propreté des lieux, la joie de s’être remémoré des souvenirs lointains, d’avoir pu montrer à ses enfants ou petits enfants le quotidien d’un père ou d’un grand-père.

Nous repartons conquis avec l’envie de revenir découvrir l’exposition temporaire programmée le mois prochain ou la chasse aux énigmes de la Mère Veilleuse et du Père Spicasse.