Tillières-sur-Avre, à 10 km  de Verneuil-sur-Avre, fut au XIeme siècle, la plus importante place forte située sur la frontière franco-normande. Ce village, implanté au bord de la rivière Avre, a gardé des traces de son glorieux passé. La commune a mis en place un parcours historique qui n’est pas dénué d’intérêt. Je chausse donc mes plus belles baskets et je pars à la découverte de celui-ci en compagnie de cette étrange mascotte « la tuile ». 

J’ai récupéré, auprès de l’office de tourisme à Verneuil-sur-Avre, un dépliant avec le tracé de l’itinéraire qui n’est pas indispensable puisque celui-ci est rappelé sur le premier panneau devant l’église et le parcours est particulièrement bien fléché.

Il est midi moins le quart. Il fait très chaud. Le village est bien calme. Quelques habitants sortent relever le courrier dans leurs boites aux lettres et saluent au passage le voisin, le cafetier ou le gamin qui passe à vélo. Il règne ici une ambiance de petit village français convivial. Dans le regard des gens, je devine que je ne suis pas la première à parcourir ce circuit touristique et à leur sourire bienveillant, je comprends que les habitants sont fiers de l’intérêt que suscite leur commune.

A chaque étape, je retrouve « la tuile » sur un panneau d’informations historiques. La mascotte, tel un guide, me pose des devinettes, complète les commentaires, pointe le doigt sur un détail architectural…  Le contenu de ces panneaux est ludique, richement illustré et pas du tout rébarbatif pour une personne comme moi qui a de faible connaissance en histoire et architecture. 

Pour atteindre ce qu’on appelle le « Grand Parterre », c’est-à-dire le site du château, il faut faire l’ascension de la rue des écoles qui se termine par quelques dizaines de marches. Sous cette chaleur, ces quelques mètres s’avèrent laborieux ! 

Mais le jeu en vaut la chandelle. Cette ancienne place d’armes m’offre un joli panorama sur le village. Pour redescendre vers la célèbre porte médiévale, j’emprunte un petit chemin de terre à l’ombre de la végétation du parc.  

Quelques odeurs de barbecue chatouillent mon odorat. Rue du fort, au beau milieu des habitations, j’entends le chant de poules. Sans doute un élevage citadin dans un petit jardin à l’abri des regards. Sans précisions, mais néanmoins remarquables, quelques maisons à pans de bois très anciennes attirent mon regard.

Au cours de ma promenade, je remarque également quelques enseignes en fer forgé. Il paraîtrait que l’enseigne située au n°1 de la place de Verdun serait celle de l’hostellerie vernoliennne du Pot d’Etain, tenue par les parents de Paul Bertrand dit Saint Arnaud, émigré au Canada au XVIIème siècle et qui y fonda une famille dont de nombreux descendants lui rendent encore hommage de nos jours.  Mais ceci est une autre histoire !

Ma balade s’achève au lavoir du village. Je suis à environ 400 m de l’Espace Baron Lacour d’où débute un autre circuit pédagogique nommé « Le bord de l’eau ». Ce sentier découverte est aménagé sur une zone naturelle humide protégée.

Je quitte donc ma petite « tuile » pour rencontrer l’Agrion de Mercure, cette libellule qui me frôlera à plusieurs reprises sur le site. C’est aussi la mascotte qui nous guide sur les panneaux à perspective intégrée qui jalonnent le circuit.

Je démarre sur la partie nord qui est une véritable expédition en terre sauvage ! Ici, le site naturel est protégé. Pour favoriser l’habitat des espèces animales et végétales, l’intervention de l’homme doit se faire aussi discrète que possible. C’est pourquoi un étroit sentier enherbé et quelques passerelles de bois permettent au visiteur de circuler.

Bien que la chaleur soit très présente depuis quelques semaines, le sol est imbibé d’eau. Les chaussures fermées ou les bottes sont vivement recommandées ! 

Mares, insectes, flore sauvage, sous-bois…  Cette immersion en pleine nature est très agréable ! Avec la chaleur, remontent les senteurs de plantes sauvages, l’odeur de terres humides ou d’eaux stagnantes. Revenue à mon point de départ, je traverse l’Avre par une écluse et je passe sous une jolie arche de pierre. Par là, j’accède aux étangs de pêche.

A gauche, un petit étang est encerclé de cabanons sur pilotis. Perches, carpes, gardons, brêmes, tanches… Chaque année, l’étang est empoissonné pour le plus grand plaisir des pêcheurs.

A droite, deux vastes allées sont propices à une belle balade autour du grand étang. Ca et là, quelques bancs permettent au promeneur de faire une halte au cours de cette paisible promenade. On laisse alors notre esprit s’évader au loin, le regard fixe sur le faible mouvement des vagues et notre oreille bercée par les clapotis de l’eau.

Sur le chemin, je croise deux pêcheurs installés au bord de l’étang. Ils sont immobiles, pieds nus dans l’herbe, la glacière emplie de rafraichissements et les cannes soigneusement fixées au sol. Nul doute qu’ils y passeront une journée complète et rentreront la tête vidée de tout souci, les poumons remplis d’air pur et la besace pleine de poissons !

C’est le moment pour moi aussi de prendre le chemin du retour.

Après quelques siècles tourmentés par les affrontements franco-normands, Tillières-sur-Avre semble avoir pris le parti de demeurer à jamais un véritable havre de paix. Commerçants et villageois font vivre ce petit bourg tranquille en prenant soin de son formidable patrimoine historique et naturel. Vous avez besoin de vous ressourcer ? Cette visite est alors vivement recommandée.