S’il y a bien un symbole de la ville de Verneuil-sur-Avre, c’est la tour de l’église Sainte Madeleine. Ce campanile, haut de 56 mètres, est visible à des kilomètres aux alentours. Ce monument et sa jumelle, la tour de beurre à Rouen (cathédrale), auraient inspiré les architectes de la Tribune Tower de Chicago ! De nombreux artistes, dont Maurice de Vlaminck, l’ont peinte.

L’Office de Tourisme, situé à ses pieds, propose régulièrement des visites guidées de celle-ci. Je me suis inscrite à l’une d’elles. 

La découverte commence à l’extérieur par la statuaire. Vu de loin, on ne s’imagine pas que ce sont pas moins d’une trentaine de personnages qui se nichent sur deux niveaux du monument. L’Ancien et le Nouveau Testament sont ainsi présents sur les 3 façades de la tour. Certaines sont facilement reconnaissables tel que Moïse et ses tablettes ou Adam et Eve dans leur plus simple appareil. D’autres sont endommagées voir disparues. C’est un véritable jeu de « cherche et trouve » que nous propose le guide ! D’autres statues sont plus insolites, comme celle d’Artus Fillon, ce chanoine à qui l’on doit l’achèvement de l’édifice au XVIe siècle.

Nous entrons dans la tour. Nous sommes alors des privilégiés puisque le monument est fermé au public en dehors des visites guidées.  Le rez-de-chaussée est vide. Nous marchons sur de la terre battue et l’espace est traversé de courants d’air faisant siffler les murs. Le guide attire notre attention sur de profondes entailles dans le mur. Ce sont les traces de frottement des cordes que tirait le sonneur pour faire retentir les cloches dans la contrée.

Nous entamons ensuite l’ascension. L’escalier est étroit, en colimaçon. Les marches, érodées par le temps, sont inégales. Cette visite s’annonce sportive. Heureusement, le guide emmène le groupe doucement et nous annonce une première étape à l’étage suivant.

Tout l’intérêt de cette salle, haute de plafond, repose sur ses murs. On y découvre des écritures ou tracés qui comportent des dates, des noms. Ces dessins nous parviennent du passé. Le guide nous explique que ces inscriptions sont issues de traditions populaires. Ce sont des expressions votives de nos ancêtres. Ici, le vœu du Sieur Bignon gravé en 1789, là,  la prière de Louis Petit en 1650. 

Nous poursuivons notre visite à l’étage suivant. Nous nous retrouvons face à 3 énormes cloches de cuivre pesant 1 à 3 tonnes chacune ! Elles sont très impressionnantes. Chacun surveille l’heure afin de s’assurer qu’elles ne vont pas se mettre à sonner…

Nous gravissons péniblement les dernières marches (212 !) pour accéder au sommet de la tour.  Nous sommes à plus de 50 mètres du sol. Ici encore les graffitis sont présents : des graffitis de passages allemands accompagnés d’une croix gammée puis dans un registre différent, des cadrans solaires destinés aux sonneurs de cloches.

Mais le clou du spectacle reste la vue à 360° sur la ville et au-delà ! Le guide nous apporte quelques explications sur les différents quartiers de Verneuil. On distingue aisément le découpage effectué par les remparts et les canaux aménagés au XIIème siècle alors que la ville était une forteresse. Il nous laisse encore quelques minutes admirer ce panorama splendide avant de nous inviter à redescendre. 

Telle la cathédrale de Rouen aux yeux de Monet, la tour de l’église sainte Madeleine est un joyau du patrimoine en toute saison, à toutes heures du jour ou de la nuit. L’Office de Tourisme Normandie Sud l’a bien compris. Il organise des visites guidées principalement d’avril à septembre, mais également aux vacances scolaires d’automne ou d’hiver ou à la demande, en dehors de ces périodes.